Licenciement d'une salariée enceinte et RPS

mardi 10 juin 2025

Cass. soc., n° 23-23.549 du 27 mai 2025
Licenciement d'une salariée enceinte : l'impossibilité de maintenir le contrat peut être liée à l'existence de RPS

Dans cet arrêt publié du 27 mai 2025, la Cour de cassation rappelle que, par principe, aucun employeur ne peut rompre le contrat de travail d'une salariée lorsqu'elle est en état de grossesse médicalement constaté.

Toutefois, l'employeur peut rompre le contrat (en dehors du congé maternité) s'il justifie d'une faute grave de l'intéressée, non liée à l'état de grossesse, ou de son impossibilité de maintenir ce contrat pour un motif étranger à la grossesse ou à l'accouchement (article L. 1225-4, Code du travail) ; une telle impossibilité pouvant être liée à des RPS.

***

En l’espèce, une salariée engagée en qualité d’ingénieure a été plusieurs fois placée en arrêt maladie, puis en congé maternité et en congé parental d’éducation. Peu après son retour, elle a de nouveau été placée en arrêt maladie et le médecin du travail l’a déclarée apte à reprendre son activité mais son employeur l’en a dispensée jusqu’à la réception du rapport d’enquête du CHSCT saisi par 9 salariés travaillant au sein de l’équipe de la salariée qui avaient dénoncé une dégradation de leurs conditions de travail et l’existence de RPS en lien avec le retour de la salariée à son poste.

Le CHSCT a conclu à l’existence de RPS graves en cas de retour de la salariée à son poste de travail tant pour les salariés que l’intéressée elle-même. L’inspection du travail saisi par la salariée a également relevé que son retour à son poste de travail présentait un danger au sein de l’équipe mais également pour elle-même. L’employeur lui a alors proposé un poste équivalent dans un autre établissement, proposition qu’elle a refusée.

La salariée a donc été convoquée à un entretien préalable au licenciement durant lequel elle a informé l’employeur de sa grossesse. Finalement licenciée pour impossibilité de maintenir son contrat de travail, la salariée a saisi la juridiction prud’homale en nullité de son licenciement lié selon elle à sa grossesse, en invoquant également un manquement de l’employeur à son obligation de sécurité.

La Cour de cassation valide toutefois le licenciement de la salariée en considérant que l’employeur n’avait pas manqué à son obligation de sécurité en ce qu’il avait proposé à la salariée un poste de travail conforme à ses compétences professionnelles et à son niveau hiérarchique dans un autre établissement. La salariée ayant refusé ce poste, l’employeur se trouvait par ailleurs dans l’impossibilité de la maintenir à son poste de travail sans risques psychosociaux graves pour elle ainsi que pour les salariés de son équipe. En ce sens, le licenciement était bien lié à l’impossibilité de maintenir le contrat de travail de la salariée pour un motif étranger à son état de grossesse.

***

Retrouver le texte officiel sur le site de la Cour de cassation

***************************

Récapitulatif des mises en ligne sur KALIPSO du 26 mai au 6 juin 2025

QUESTION / REPONSE

 

LÉGISLATION & RÉGLEMENTATION

 

 

JURISPRUDENCE